Java Server Faces (JSF)

Java Server Faces (JSF) est défini par la JSR 344. Il s’agit d’un framework permettant de créer des applications Web complètes.

Il existe de nombreux frameworks permettant de développer des applications Web en Java : JSF, Struts2, Spring MVC, Wicket, GWT, Play, Tapestry… Lorsqu’on développe une application Web en Java, il peut être difficile de savoir lequel choisir. Pour ce cours, nous nous contenterons d’une introduction à JSF qui a la particularité d’être le framework officiellement supporté pour Java EE et donc d’être intégré dans le serveur d’application Wildfly.

Créer un projet avec JSF

Prudence

Pour ce chapitre, nous allons voir l’utilisation de JSF 2.2 dans un serveur d’application. La plupart des articles sur JSF disponibles sur le Web traitent soit de JSF 1.X soit de l’utilisation de JSF dans un conteneur de servlets (le plus souvent Tomcat). Même si les notions restent les mêmes, la plupart des codes d’exemple que vous pourrez trouver ne fonctionneront pas sans adaptation.

L’implémentation de JSF intégrée dans Wildfly est l’implémentation de référence nommée Mojarra. Mojarra fournit une Servlet qu’il faut déclarer dans le fichier web.xml de son application :

Déclaration de la servlet JSF dans le web.xml
<servlet>
  <servlet-name>Faces Servlet</servlet-name>
  <servlet-class>javax.faces.webapp.FacesServlet</servlet-class>
  <load-on-startup>1</load-on-startup>
</servlet>
<!--La servlet de JSF est configurée pour répondre à toutes les requêtes de fichiers XHTML-->
<servlet-mapping>
  <servlet-name>Faces Servlet</servlet-name>
  <url-pattern>*.xhtml</url-pattern>
</servlet-mapping>

JSF supporte une configuration de développement pour permettre un rechargement presque à chaud lorsque des modifications sont apportées à l’application. Pour l’activer, il faut rajouter au début du fichier web.xml un paramètre d’application :

Activation du mode développement dans le web.xml
<context-param>
  <param-name>javax.faces.PROJECT_STAGE</param-name>
  <param-value>Development</param-value>
</context-param>

Comme tous les services Java EE, JSF dispose d’un fichier de déploiement au format XML. Ce fichier de déploiement s’appelle faces-config.xml et doit être situé dans le répertoire WEB-INF. Le contenu minimal de ce fichier est :

Le fichier de déploiement faces-config.xml
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<faces-config
  xmlns="http://xmlns.jcp.org/xml/ns/javaee"
  xmlns:xsi="http://www.w3.org/2001/XMLSchema-instance"
  xsi:schemaLocation="http://xmlns.jcp.org/xml/ns/javaee
                      http://xmlns.jcp.org/xml/ns/javaee/web-facesconfig_2_2.xsd"
  version="2.2">

</faces-config>

Le fichier faces-config.xml est optionnel car il est possible d’intégrer JSF en utilisant uniquement les annotations Java. Il est tout de même recommandé d’ajouter ce fichier dans l’application même si son contenu doit rester minimal.

Pour l’utilisation de JSF en vue d’un déploiement dans Wildfly, nous allons également avoir besoin d’un service Java EE : CDI (Contexts and Dependency Injection). Nous reviendrons plus tard sur l’utilité de ce service. CDI n’est pas activé par défaut pour une application Web. Pour l’activer, il suffit d’ajouter le fichier de déploiement de CDI pour l’application. Ce fichier doit s’appeler beans.xml et être situé dans le répertoire WEB-INF. Le contenu minimal de ce fichier est :

Le fichier de déploiement beans.xml
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<beans
  xmlns="http://java.sun.com/xml/ns/javaee"
  xmlns:xsi="http://www.w3.org/2001/XMLSchema-instance"
  xsi:schemaLocation="http://java.sun.com/xml/ns/javaee
                      http://java.sun.com/xml/ns/javaee/beans_1_0.xsd">
</beans>

La vue : facelets

JSF n’utilise pas les JSP, JSF dispose de son propre langage de déclaration de vue appelé facelet. Du point de vue du développeur, nous allons voir qu’il n’y a pas une très grande différence entre une JSP et une facelet. Par contre, il s’agit de deux technologies différentes : les balises supportées ne sont pas les mêmes et une facelet n’est pas transformée en Servlet.

Une facelet est un document XHTML 1.0 qui doit se conformer à la DTD XHTML-1.0-Transitional. Avec le succès de HTML5, des adaptations ont été faites dans JSF (Java EE 7) pour permettre de développer des facelets HTML5. Néanmoins, une facelet doit être un document XML bien formé.

Un exemple de fichier XHTML
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8" ?>
<!DOCTYPE html PUBLIC
          "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Transitional//EN"
          "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-transitional.dtd">
<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml">
<head>
  <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=UTF-8" />
</head>
<body>
  <p>Hello XHTML 1.0</p>
</body>
</html>

Une facelet est un document XML que le moteur JSF va analyser pour rechercher des balises spécifiques JSF. L’utilisation des balises de facelets se fait grâce aux espaces de nom XML (XML namespaces). Il existe six bibliothèques standards de balises JSF. Chacune dispose de son propre espace de nom XML.

Préfixe

XML namespace

Description

Exemples de balise

h

http://xmlns.jcp.org/ jsf/html

Contient les balises pour le rendu HTML des éléments pris en charge par JSF

h:head h:body h:form h:inputText

f

http://xmlns.jcp.org/ jsf/core

Contient les balises qui ne génèrent pas de rendu HTML mais assurent l’interaction avec le serveur et le formatage de données

f:actionListener f:ajax

c

http://xmlns.jcp.org/ jsp/jstl/core

Contient les balises de la bibliothèque JSTL core (Cf cours sur les JSP ). Attention cette bibliothèque a été amputée notamment de la balise c:out par rapport à la version JSP. En JSF, on utilise h:outputText à la place.

c:if c:forEach

fn

http://xmlns.jcp.org/ jsp/jstl/functions

Contient les fonctions de la bibliothèque JSTL functions (Cf cours sur les JSP ). Cette bibliothèque ne contient pas de balise.

fn:contains fn:join

ui

http://xmlns.jcp.org/ jsf/facelets

Contient les balises permettant des compositions de vues. Il est possible de définir un layout pour l’ensemble de l’application et d’appliquer automatiquement ce layout à chaque facelet.

ui:component ui:composition

cc

http://xmlns.jcp.org/ jsf/composite

Permet de définir de nouveaux composants graphiques.

cc:interface cc:implementation

La documentation des bibliothèques de balises est disponible sur https://docs.oracle.com/javaee/7/javaserver-faces-2-2/vdldocs-facelets/

La bibliothèque JSF HTML (http://xmlns.jcp.org/jsf/html) contient notamment les balises h:head, h:body. Ces balises permettent d’indiquer au moteur JSF les parties du document HTML qui correspondent aux en-entêtes et au corps. JSF utilise ces informations pour éventuellement enrichir la page XHTML finale avec des balises supplémentaires.

Un exemple de facelet hello.xhtml
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8" ?>
<!DOCTYPE html PUBLIC
          "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Transitional//EN"
          "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-transitional.dtd">
<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml"
      xmlns:h="http://xmlns.jcp.org/jsf/html" >
<h:head>
  <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=UTF-8" />
</h:head>
<h:body>
  <p>Hello Facelet</p>
</h:body>
</html>

Une facelet est un fichier qui doit porter l’extension .xhtml. En effet, la servlet JSF est configurée pour traiter les requêtes de type *.xhtml. Ainsi, le serveur ne renvoie jamais les fichiers XHTML bruts. Il délègue le traitement à la servlet JSF qui interprète la facelet.

On retrouve beaucoup de similitudes entre facelets et JSP. Par exemple, voici une facelet affichant les paramètres de la requête HTTP :

Exemple : Une facelet affichant les paramètres
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8" ?>
<!DOCTYPE html PUBLIC
          "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Transitional//EN"
          "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-transitional.dtd">
<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml"
      xmlns:h="http://xmlns.jcp.org/jsf/html"
      xmlns:c="http://xmlns.jcp.org/jsp/jstl/core"
      xmlns:fn="http://xmlns.jcp.org/jsp/jstl/functions">
<h:head>
  <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=UTF-8" />
</h:head>
<h:body>
  <table>
    <tbody>
      <c:forEach var="entry" items="#{paramValues}">
        <tr>
          <td><h:outputText value="#{entry.key}"/></td>
          <td><h:outputText value="#{fn:join(entry.value, ', ')}" /></td>
        </tr>
      </c:forEach>
    </tbody>
  </table>
</h:body>
</html>

Il existe quasiment les mêmes objets implicites accessibles avec l’expression language (EL) que pour les JSP. Comme une JSP, une facelet peut accéder aux attributs des différentes portées (page, request, session, application). Cependant pour créer ces attributs, nous n’allons plus utiliser l’API servlet comme vu précédemment, nous allons utiliser le service CDI.

Activer le support de JSF dans Eclipse

Eclipse supporte la complétion des balises JSF dans les fichiers de facelets. Si vous ne disposez pas de cette fonctionnalité par défaut, il vous faut peut-être activer manuellement le support de JSF pour votre projet :

  • dans l’explorateur de projet, faites un clique droit sur le nom du projet et sélectionnez « Properties » (ou ALT+Entrée),

  • dans l’arborescence des propriétés, sélectionnez « Project Facets » et, dans la liste des Facets, cochez « Java Server Faces »,

  • cliquez sur « OK ».

Configuration de JSF dans Eclipse

Une introduction à CDI

Contexts and Dependency Injection (CDI) est un service Java EE permettant de déclarer des objets Java qui seront automatiquement créés par le serveur et positionnés comme attributs dans la portée désirée. Ensuite ces objets sont accessibles depuis une JSP ou une facelets ou encore peuvent être injectés dans un composant Java EE ou un autre objet géré par CDI.

Déclarer un objet avec CDI

Nous verrons dans l’exemple ci-dessous une déclaration par annotations :

Une déclaration de portée requête
import javax.enterprise.context.RequestScoped;
import javax.inject.Named;

@Named
@RequestScoped
public class PersonneControleur {

  public Personne getPersonne() {
    // ...
  }

}

L’annotation @Named suffit à indiquer que cette classe peut être gérée par CDI. L’annotation @RequestScoped indique que l’instance de l’objet sera un attribut de portée requête. Sur le même principe, il existe les annotations @SessionScoped et @ApplicationScoped.

Par défaut, le nom de l’instance sera le même que le nom de la classe commençant par une minuscule. Ainsi, une fois cette classe ajoutée dans le projet, il est possible de l’utiliser dans une facelet :

Utilisation dans une facelet d’un bean géré par CDI
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8" ?>
<!DOCTYPE html PUBLIC
          "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Transitional//EN"
          "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-transitional.dtd">
<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml"
      xmlns:h="http://xmlns.jcp.org/jsf/html" >
<h:head>
  <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=UTF-8" />
</h:head>
<h:body>
  <p>Bonjour #{personneControleur.personne.nom}</p>
</h:body>
</html>

S’il n’existe pas d’attribut personneControleur, celui-ci sera automatiquement créé avec dans la portée spécifiée par annotation (dans la portée requête pour l’exemple précédent).

Il est également possible de spécifier soi-même le nom du bean dans l’annotation @Named :

@Named("monControleurDePersonne")

Note

@SessionScoped et la passivation

Les classes Java portant l’annotation @SessionScoped doivent supporter la passivation sinon vous obtiendrez une erreur à l’exécution. La passivation signifie simplement que le contenu d’un objet doit pouvoir être sauvé sur disque. Comme un objet de portée session a une durée de vie qui dépasse le temps de traitement d’une requête HTTP, on considère qu’il doit pouvoir être sauvé (passivation) lors de l’arrêt d’un serveur et rechargé (activation) au démarrage afin de garantir la continuité de service du point de vue du client. Sans aller trop loin dans les implications de la passivation/activation, il suffit de savoir que les classes annotées avec @SessionScoped doivent implémenter l’interface marqueur java.io.Serializable.

Une déclaration de portée session
import javax.enterprise.context.SessionScoped;
import javax.inject.Named;

@Named
@SessionScoped
public class PersonneControleur implements java.io.Serializable {

  public Personne getPersonne() {
    // ...
  }

}

Le fichier de déploiement beans.xml

Comme la plupart des services Java EE, CDI dispose d’un fichier de déploiement appelé beans.xml. Ce fichier sert à déclarer des fonctionnalités avancées pour CDI mais il doit également être présent dans l’arborescence de l’application pour indiquer au serveur d’applications d’activer le service CDI pour cette application. Pour une application Web, le fichier beans.xml doit se trouver dans le répertoire WEB-INF. Sa structure minimale est :

Contenu minimal du fichier de déploiement beans.xml
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<beans
  xmlns="http://java.sun.com/xml/ns/javaee"
  xmlns:xsi="http://www.w3.org/2001/XMLSchema-instance"
  xsi:schemaLocation="http://java.sun.com/xml/ns/javaee
                      http://java.sun.com/xml/ns/javaee/beans_1_0.xsd">
</beans>

Le modèle

Dans une application JSF, n’importe quelle instance d’objet Java peut jouer le rôle du modèle. Le modèle peut être un objet géré par CDI ou rendu disponible par un objet géré par CDI (ce dernier jouant alors le rôle de contrôleur). Par exemple, une instance de la classe Personne peut être utilisée comme modèle dans un formulaire d’une facelet en y accédant via le bean CDI personneControleur vu précédemment :

Utilisation d’un bean CDI dans un formulaire
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8" ?>
<!DOCTYPE html PUBLIC
          "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Transitional//EN"
          "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-transitional.dtd">
<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml"
      xmlns:h="http://xmlns.jcp.org/jsf/html" >
<h:head>
  <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=UTF-8" />
</h:head>
<h:body>
  <h:form acceptcharset="UTF-8" >
    <h:outputLabel for="nom" value="nom" />
    <h:inputText id="nom" value="#{personneControleur.personne.nom}"/>

    <h:outputLabel for="age" value="âge" />
    <h:inputText id="age" value="#{personneControleur.personne.age}" />

    <h:commandButton />
  </h:form>
</h:body>
</html>

Notez que depuis le début de ce chapitre, les expressions en EL (expression language) utilisées dans les facelets sont délimitées par #{ }. Comme pour les JSP, JSF supporte l’écriture d’une EL sous la forme ${ }. Cependant, l’utilisation du caractère # indique que l’on souhaite activer le value binding. Cette fonctionnalité indique au moteur JSF, que le contenu du bean personneControleur.personne devra également être mis à jour avec les données envoyées par le client. Concrètement, il est plus simple d’utiliser systématiquement avec JSF la notation #{ }.

Le contrôleur

JSF est basé sur l’API servlet mais il permet aux développeurs d’application Web de s’en affranchir. Ainsi, avec JSF, un contrôleur est simplement une classe Java gérée par CDI qui expose des méthodes qui seront appelées par JSF lors de la réception des requêtes du client. Dans la terminologie JSF, on parle de backing beans pour désigner les objets Java avec lesquels la facelet iteragit.

La génération d’action vers le contrôleur se fait lorsque le client envoie des données vers le serveur. En HTML, cela se fait par la soumission de formulaire. Avec JSF, la soumission de formulaire peut se faire avec la balise h:commandLink ou la balise h:commandButton. Ces deux balise JSF disposent de l’attribut action qui permet d’écrire une EL définissant l’appel à une fonction d’un backing bean (une instance gérée par CDI). Il est possible de préciser dans l’EL les paramètres qui seront passés à la méthode côté serveur.

Définition d’une action sur un h:commandButton
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8" ?>
<!DOCTYPE html PUBLIC
          "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Transitional//EN"
          "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-transitional.dtd">
<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml"
      xmlns:h="http://xmlns.jcp.org/jsf/html" >
<h:head>
  <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=UTF-8" />
</h:head>
<h:body>
  <h:form acceptcharset="UTF-8" >
    <h:outputLabel for="nom" value="nom" />
    <h:inputText id="nom" value="#{personneControleur.personne.nom}"/>

    <h:outputLabel for="age" value="âge" />
    <h:inputText id="age" value="#{personneControleur.personne.age}" />

    <h:commandButton action="#{personneControleur.chercher()}"
                     value="chercher" />
  </h:form>
</h:body>
</html>

Dans la facelet ci-dessus, l’action déclenchée par le bouton « chercher » est :

#{personneControleur.chercher()}

Cela signifie que JSF va chercher un bean CDI portant le nom « personneControleur » et il va invoquer la méthode chercher. Au préalable, les attributs nom et age de la propriété personneControleur.personne auront été mis à jour avec les valeurs envoyées dans la requête.

Ainsi un contrôleur valide pourrait être :

Un exemple de contrôleur
import javax.enterprise.context.RequestScoped;
import javax.inject.Named;

@Named
@RequestScoped
public class PersonneControleur {

  private Personne personne = new Personne();

  public Personne getPersonne() {
    return personne;
  }

  public void chercher() {
    String nomAChercher = personne.getNom();
    // ... effectuer la recherche dans un référentiel de personnes
  }

}

L’implémentation ci-dessus rappelle le modèle de conception Commande. À l’usage, c’est effectivement vers ce type de conception que souhaite nous orienter les concepteurs de JSF.

La navigation

Une fonctionnalité importante des frameworks Web est la gestion de la navigation. Après avoir traité une requête, vers quelle vue, un contrôleur doit-il déléguer le traitement pour construire la représentation finale ?

Dans JSF, les vues sont les fichiers XHTML (les facelets). Les identifiants des facelets correspondent simplement au nom du fichier sans l’extension .xhtml. Une méthode de contrôleur indique la vue résultat en retournant son identifiant. Si la méthode de contrôleur ne retourne aucune valeur (void) ou retourne null, la vue résultat est la vue courante.

Si nous reprenons notre exemple de contrôleur, nous pouvons indiquer la vue résultat en modifiant la méthode chercher pour qu’elle retourne une chaîne de caractères.

Spécification de la vue par un contrôleur
import javax.enterprise.context.RequestScoped;
import javax.inject.Named;

@Named
@RequestScoped
public class PersonneControleur {

  private Personne personne = new Personne();

  public Personne getPersonne() {
    return personne;
  }

  public String chercher() {
    String nomAChercher = personne.getNom();
    // ... effectuer la recherche dans un référentiel de personnes

    // il doit exister un fichier resultat.xhtml qui correspond
    // à la facelet qui génèrera la vue.
    return "resultat";
  }

}

Pour la navigation par liens, il est possible d’utiliser les balises h:link et h:button dans les facelets. Ces balises disposent de l’attribut outcome. Cet attribut donne l’identifiant de la facelet cible. Bien sûr, la valeur de l’attribut outcome peut être le résultat d’une EL.

Exemple de navigation simple avec h:link
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8" ?>
<!DOCTYPE html PUBLIC
          "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Transitional//EN"
          "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-transitional.dtd">
<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml"
      xmlns:h="http://xmlns.jcp.org/jsf/html" >
<h:head>
  <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=UTF-8" />
</h:head>
<h:body>
  <ul>
    <!-- un lien vers la facelet entree.xhtml -->
    <li><h:link outcome="entree" value="Entrée"/></li>
    <!-- un lien vers la facelet plat.xhtml -->
    <li><h:link outcome="plat" value="Plat"/></li>
    <!-- un lien vers la facelet fromage.xhtml ou vers la facelet dessert.xhtml -->
    <li><h:link outcome="#{param['fromage'] ? 'fromage' : 'dessert'}"
                value="Fromage ou Dessert"/></li>
  </ul>
</h:body>
</html>

La validation de formulaire

La validation des données de formulaire est une autre fonctionnalité importante des frameworks Web. La bibliothèque de balises core de JSF fournit, entre autres, les balises f:validateDoubleRange, f:validateLength, f:validateLongRange, f:validateRegex et f:validateRequired. Utilisées comme balises filles des entrées de formulaire, elles permettent d’ajouter des règles de validité pour les données de formulaire. JSF validera automatiquement les données soumises par l’utilisateur avant de transférer le traitement au contrôleur.

Ajout des balises de validation
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8" ?>
<!DOCTYPE html PUBLIC
          "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Transitional//EN"
          "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-transitional.dtd">
<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml"
      xmlns:h="http://xmlns.jcp.org/jsf/html"
      xmlns:f="http://xmlns.jcp.org/jsf/core" >
<h:head>
  <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=UTF-8" />
</h:head>
<h:body>
  <h:form acceptcharset="UTF-8" >
    <h:outputLabel for="nom" value="nom" />
    <h:inputText id="nom" value="#{personneControleur.personne.nom}">
      <f:validateLength minimum="1"/>
    </h:inputText>
    <h:message for="nom"/>

    <h:outputLabel for="age" value="âge" />
    <h:inputText id="age" value="#{personneControleur.personne.age}">
      <f:validateLongRange minimum="1" maximum="99"/>
    </h:inputText>
    <h:message for="age"/>

    <h:commandButton action="#{personneControleur.chercher()}"
                     value="chercher" />
  </h:form>
</h:body>
</html>

Si la validation échoue, JSF retourne la même vue au client sans solliciter le contrôleur. La vue dispose dans son contexte des messages d’erreur de validation. La balise h:message permet d’indiquer où les erreurs d’une entrée de formulaire seront affichées dans la réponse.

Les messages d’erreur de validation générés par JSF ne sont pas toujours très adaptés. Pour surcharger les messages des validateurs, on peut utiliser l’attribut validatorMessage sur les balises telles que h:inputText, h:inputTextArea et h:inputSecret.

Il est également possible de redéfinir les messages par défaut de JSF pour les adapter à son application. Pour plus d’information, vous pouvez vous reporter à ce post.

Il est également possible de fournir sa propre implémentation d’un validateur. Pour cela, il suffit de créer une classe qui implémente l’interface javax.faces.validator.Validator. Cette interface ne contient la déclaration que d’une seule méthode :

void validate(FacesContext context, UIComponent component, Object value) throws ValidatorException

La validation échoue si un appel à cette méthode lance une ValidatorException. Le premier paramètre représente le contexte d’exécution JSF, le deuxième paramètre représente le composant graphique pour lequel la validation a été demandée. Par exemple, pour un champ de formulaire de type input, ce composant sera une instance de UIInput qui hérite de UIComponent. Enfin le troisième paramètre représente la valeur qui doit être validée. Selon le type de composant, cette valeur peut être de type String, Boolean…

La classe du validateur doit également porter l’annotation @FacesValidator indiquant le nom du validateur qui sera utilisé pour le référencer dans les facelets.

L’exemple ci-dessous montre un exemple de validateur permettant de s’assurer qu’une case à cocher (checkbox) a bien été cochée par l’utilisateur.

Exemple de facelet utilisant un validateur booleanValidator fourni par l’application
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8" ?>
<!DOCTYPE html PUBLIC
          "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Transitional//EN"
          "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-transitional.dtd">
<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml"
      xmlns:h="http://xmlns.jcp.org/jsf/html"
      xmlns:f="http://xmlns.jcp.org/jsf/core" >
<h:head>
  <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=UTF-8" />
</h:head>
<h:body>
  <h:form acceptcharset="UTF-8" >
    <h:selectBooleanCheckbox id="myCheckbox" validatorMessage="Vous devez cocher la case">
      <f:validator validatorId="booleanValidator"/>
    </h:selectBooleanCheckbox>
    <h:outputLabel for="myCheckbox" value="case à cocher" />
    <h:message styleClass="error" for="myCheckbox"/><br/>

    <h:commandButton action="#{controleur.doSomething()}" value="Go" />
  </h:form>
</h:body>
</html>

L’implémentation de booleanValidator qui vérifie que la valeur vaut true (et donc que la case a été cochée) :

import javax.faces.application.FacesMessage;
import javax.faces.component.UIComponent;
import javax.faces.component.UIInput;
import javax.faces.context.FacesContext;
import javax.faces.validator.FacesValidator;
import javax.faces.validator.Validator;
import javax.faces.validator.ValidatorException;

// L'annotation ci-dessous permet de déclarer le nom du validateur pour JSF
@FacesValidator("booleanValidator")
public class BooleanValidator implements Validator {

  @Override
  public void validate(FacesContext ctx, UIComponent uiComponent, Object value)
      throws ValidatorException {
    // Puisque ce validateur est utilisé avec un h:selectBooleanCheckbox,
    // on s'attend à ce que value soit de type Boolean.
    if (! Boolean.TRUE.equals(value)) {
      // Si la valeur n'est pas true, le validateur signale une ValidatorException.
      // Le message d'erreur du validateur est directement extrait de l'attribut
      // validatorMessage du composant dans la facelet.
      UIInput uiInput = (UIInput) uiComponent;
      throw new ValidatorException(new FacesMessage(uiInput.getValidatorMessage()));
    }
  }

}

La validation avec Bean Validation

Le serveur d’application fournit un autre service nommé Bean Validation (JSR303). Bean Validation permet d’exprimer les contraintes de validité d’un objet avec des annotations. JSF est capable d’interagir avec Bean Validation pour la validation de formulaire. Ainsi, plutôt que de déclarer la validation dans une facelet comme dans la section précédente, il est possible d’ajouter des annotations directement sur le bean Personne :

Utilisation de Bean Validation
import javax.validation.constraints.Max;
import javax.validation.constraints.Min;
import javax.validation.constraints.Size;

public class Personne {

  @Size(min = 1, message = "Le nom est obligatoire !")
  private String nom;

  @Min(value=1, message = "L'âge doit être un nombre positif !")
  @Max(value=99, message = "L'âge ne peut pas dépasser 99 ans !")
  private int age;

  public String getNom() {
    return nom;
  }

  public void setNom(String nom) {
    this.nom = nom;
  }

  public int getAge() {
    return age;
  }

  public void setAge(int age) {
    this.age = age;
  }
}

La documentation des annotations de Bean Validation est disponible dans la documentation de l’API Java EE : https://docs.oracle.com/javaee/7/api/javax/validation/constraints/package-summary.html

Bean Validation est une bonne alternative aux balises JSF de validation si un bean doit être réutilisé comme modèle dans des facelets différentes.

Les requêtes Ajax

Note

Vous pouvez télécharger un projet Maven de démonstration d’utilisation d’Ajax dans JSF : jsf-demoajax.zip

Une requête Ajax est une requête asynchrone qui est exécutée par le navigateur. Lorsque le serveur renvoie la réponse au navigateur, ce dernier ne modifie pas la page affichée mais rend accessible la réponse en JavaScript.

JSF supporte Ajax sans que le développeur Web n’ait à implémenter du code JavaScript. JSF injecte lui-même le code JavaScript nécessaire au moment du rendu de la facelet.

Pour activer Ajax, il suffit, par exemple, de spécifier la balise f:ajax comme balise fille d’un h:commandButton :

Un exemple d’ajout du support Ajax
<h:commandButton value="un bouton" action="#{monControleur.traiter()}">
  <f:ajax execute="@form" render="resultat" />
</h:commandButton>

La déclaration ci-dessus suffit à générer automatiquement le code JavaScript dans la page XHTML pour que, lorsque l’utilisateur clique sur le bouton, une requête Ajax soit soumise au serveur. La balise f:ajax a deux attributs importants :

  • execute : liste les composants qui sont pris en compte par la requête Ajax. Il est possible de lister les id des éléments d’un formulaire séparés par un espace. On peut aussi utiliser un des mots-clés suivants : @form (tous les éléments du formulaire courant), @this (uniquement le composant qui contient la balise f:ajax), @all (tous les composants graphiques JSF de la page), @none (aucune composant n’est associé à la requête Ajax).

  • render : spécifie l’ID ou la liste des ID des composants graphiques JSF dans la facelet qui doivent être mis à jour lors de la réception de la réponse Ajax. Comme pour l’attribut précédent, il est possible d’utiliser les mots-clés @this, @form, @all et @none

Pour le support d’Ajax, l’implémentation du contrôleur se fait souvent avec deux méthodes : une méthode pour permettre au contrôleur de recevoir les données de la facelet et une méthode pour permettre à la facelet d’obtenir, en retour, les résultats qui permettront de mettre à jour une partie de la page.

La méthode du contrôleur spécifiée dans la balise action d’un h:commandButton ne doit rien retourner (void) sinon JSF interprétera le résultat comme un ID de facelet et redirigera le navigateur vers une nouvelle page.

Un exemple simple mais complet serait :

Une facelet utilisant Ajax
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8" ?>
<!DOCTYPE html PUBLIC
          "-//W3C//DTD XHTML 1.0 Transitional//EN"
          "http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-transitional.dtd">
<html
  xmlns:f="http://xmlns.jcp.org/jsf/core"
  xmlns:h="http://xmlns.jcp.org/jsf/html">
<h:head>
  <meta http-equiv="Content-Type" content="text/html; charset=UTF-8" />
</h:head>
<h:body>
  <h:form>
    <h:commandButton value="un bouton" action="#{monControleur.traiter()}">
      <f:ajax execute="@form" render="resultat" />
    </h:commandButton>
  </h:form>
  <h:outputText id="resultat" value="#{monControleur.resultat}"/>
</h:body>
</html>
Le contrôleur associé
import javax.enterprise.context.RequestScoped;
import javax.inject.Named;

@Named
@RequestScoped
public class MonControleur {

  private String resultat;

  public String getResultat() {
    return resultat;
  }

  public void traiter() {
    resultat = "Bravo, vous avez fait une requête Ajax !";
  }

}

Pour aller plus loin

Ce chapitre n’avait pour ambition que de présenter les fonctionnalités les plus essentielles de JSF. Avec JSF, vous avez aussi la possibilité de créer un layout pour l’ensemble de l’application ou de créer en facelet vos propres composants graphiques réutilisables.

Vous pouvez également enrichir votre application avec des composants graphiques plus complexes. On pourra par exemple incorporer des bibliothèques tierces comme la très impressionnante PrimeFaces.