Les EJB

Les Enterprise Java Beans (EJB) sont des composants Java EE fournis par les développeurs d’application. Ils sont définis par la JSR 318. Ils encapsulent la logique de traitement de l’application (également appelée logique métier).

À travers les EJB, le développeur dispose de services fournis par le conteneur EJB tels que :

  • modèle d’exécution thread-safe

  • gestion du cycle de vie des instances pour une meilleure scalabilité

  • accés aux services Java EE par injection

  • gestion des transactions

  • contrôle des droits d’accès pour l’invocation des méthodes

  • gestion des traitements asynchrones

  • accès distant pour un client à travers une interface remote

Avec les EJB, nous abordons les composants qui ne sont plus liés à la présentation Web. Les EJB ont une longue histoire depuis J2EE jusqu’à leur version 3 actuelle dans Java EE. Ils peuvent être utilisés dans de nombreux contextes applicatifs. Ils ont aussi été ignorés par une grande partie des développeurs Java. Dans le cadre de cours, nous nous bornerons à aborder le modèle de threading et le support de la transaction supportés par les EJB.

Le conteneur d’EJB

Nous avons vu que le cycle de vie des Servlets et les JSP est pris en charge par un conteneur de Servlet. De même, le serveur d’application fournit un conteneur d’EJB qui a la responsabilité de gérer le cycle de vie des composants EJB fournis par les développeurs d’application.

Les types d’EJB

On distingue plusieurs types d’EJB :

Les EJB de session

Stateful EJB, Stateless EJB et Singleton EJB qui sont adaptés pour le traitement synchrone. Il s’agit des EJB les plus courants dans une application Web.

Les EJB orientés message

Message Driven Bean qui est adapté pour le traitement asynchrone. On utilise généralement cet EJB dans des applications de type bus d’entreprise ou MOM (Middleware Orienté Messages).

Les Entity Beans

Les EJB pour gérer la persistance. Il s’agit des composants Java EE qui représentent les données d’un modèle relationnel de base de données. Depuis EJB 3, l’API JPA définit les entity beans.

Note

Ce cours ne couvre pas les Message Driven Beans.

Les EJB session

Un EJB session correspond à une classe Java classique (POJO). Il existe cependant trois types d’EJB session qui correspondent à des modèles d’exécution concurrente (threading model) :

  • les EJB avec état conversationnel (stateful)

  • les EJB sans état conversationnel (stateless)

  • les EJB singleton (singleton)

En effet, dans un serveur Java EE, une application est exécutée dans un environnement concurrent. Nous avons vu déjà les problèmes que cela pose pour le développement des Servlets ou pour le choix de la portée (request, session, application) pour un back bean JSF. La distinction entre les EJB session porte sur la façon dont chacun se comporte dans un environnement concurrent.

EJB session stateful

L’EJB session stateful (avec état conversationnel) est créé pour représenter une interaction entre le client et le serveur. Cela signifie qu’il existe une instance par interaction. Il s’agit du cas le plus simple pour le développeur puisqu’il n’y a pas de problème de concurrence entre les clients (chacun disposant de sa propre instance). Il s’agit cependant du cas le plus complexe à gérer pour le conteneur d’application Java EE. Un cas d’utilisation consiste à utiliser un EJB session comme backing bean JPA.

EJB stateful : le panier de l’utilisateur
import javax.ejb.Stateful;

@Stateful
public class UserBasket {
  private List<Item> items = new ArrayList<>();

  public void addItem(Item i) {
    items.add(i);
  }

  // ...
}

L’exemple traditionnel du panier sur un site marchand correspond à une utilisation classique de l’EJB session. Chaque utilisateur dispose de son instance de panier. Cette instance est conservée tant que la session de l’utilisateur existe. De plus, on peut conserver des informations propres à l’utilisateur comme membres de l’EJB (dans cet exemple la liste des items) : d’où le nom de stateful.

Il est possible de fournir une méthode qui supprime l’EJB du conteneur. Une telle méthode doit être annotée avec @Remove :

EJB stateful : ajout d’une méthode de suppression
import javax.ejb.Stateful;
import javax.ejb.Remove;

@Stateful
public class UserBasket {
  private List<Item> items = new ArrayList<>();

  public void addItem(Item i) {
    items.add(i);
  }

  @Remove
  public void supprimer() {
    items.clear();
  }

  // ...
}

EJB session stateless

L’EJB session stateless (sans état conversationnel) représente des traitements de l’application indépendants de l’état entre le client et le serveur. N’importe quel utilisateur peut avoir recours à un EJB stateless et donc, il ne faut pas stocker dans un EJB stateless d’information liée à la requête où à la session d’un utilisateur. On retrouve ainsi les mêmes restrictions que pour le développement de Servlet. Néanmoins, les EJB stateless fournissent un modèle d’exécution concurrent (threading model) sûr. En effet, le conteneur d’EJB crée un pool d’instances pour chaque classe d’EJB stateless. Ainsi à un instant T, toutes les requêtes qui s’exécutent en parallèle sur un serveur utilisent une instance particulière d’un EJB stateless. Lorsque la requête est achevée, le conteneur d’EJB récupère l’instance de l’EJB stateless dans le pool afin de la réutiliser pour le traitement d’une requête à venir. Lorsqu’on développe un EJB stateless, il n’est donc pas nécessaire de protéger le code contre les accès concurrents.

EJB stateless : l’implémentation d’un repository
import javax.ejb.Stateless;

@Stateless
public class IndividuRepository {

  public void add(Individu i) {
    // ...
  }

  // ...
}

EJB session singleton

L’EJB singleton permet d’implémenter une ressource réellement partagée dans une application. Le conteneur EJB garantit qu’il ne créera qu”UNE instance d’un EJB singleton pour une application.

EJB singleton : la gestion d’une ressource unique
import javax.ejb.*;

@Singleton
@Lock(LockType.WRITE)
public class SharedResource {

  @Lock(LockType.READ)
  public void doSomething() {
    // ...
  }
}

L’annotation @Lock permet de contrôler si l’instance ou une méthode autorise des accès concurrents (lock de type READ) ou des accès avec acquisition d’un verrou (lock de type WRITE).

L’utilisation d’un verrou (lock de type WRITE) est équivalent au mot-clé synchronized en Java. C’est-à-dire qu’à un instant T, un seul thread peut exécuter le code d’une méthode.

Par défaut, un EJB singleton dispose d’un verrou en écriture pour toutes ses méthodes (lock de type write).

Attention, l’utilisation d’un EJB singleton est souvent dictée par un soucis de performance. Mais si cet EJB utilise systématiquement un verrou en écriture, l’application peut subir des dégradations de performance puisqu’un seul thread à la fois (et donc une seule requête Web par exemple) peut appeler une méthode de cet EJB.

Méthodes de cycle de vie

Un EJB peut être tenu informé de l’évolution de son cycle de vie par le conteneur. Pour cela, il peut déclarer des méthodes publiques qui ne prennent aucun paramètre avec une des annotations suivantes :

@PostConstruct

Les méthodes annotées avec @PostConstruct sont invoquées par le conteneur sur toutes les nouvelles instances de beans. L’appel est réalisé juste après que l’injection des dépendances soit réalisée.

@PreDestroy

Les méthodes annotées avec @PreDestroy sont invoquées par le conteneur après les méthodes annotées avec @Remove et avant que le conteneur supprime l’instance du bean

@PostActivate

Les méthodes annotées avec @PostActivate sont invoquées par le conteneur après après que le bean soit chargé depuis la zone de stockage.

@PrePassivate

Les méthodes annotées avec @PrePassivate sont invoquées par le conteneur avant que le bean soit placé depuis la zone de stockage.

Note

La passivation et l’activation sont des opérations liées au cycle de vie particulier des EJB session avec état conversationnel (stateful EJB). Un conteneur peut décider de passiver, c’est-à-dire de stocker sur disque un stateful EJB. L’opération inverse s’appelle l’activation. Cela permet à une instance d’un EJB de sauvegarder son état lors d’un redémarrage du serveur ou lorsque le conteneur décide de libérer une partie de la mémoire.

Accès à un EJB session

Pour avoir accès à une instance d’un EJB session, une application ne la crée pas, elle demande au conteneur EJB de la lui fournir par injection.

La méthode la plus simple, consiste à utiliser l’annotation @EJB sur un attribut d’un autre composant Java EE (Servlet, bean CDI ou même EJB).

Injection d’une instance d’EJB session
import java.io.IOException;

import javax.ejb.EJB;
import javax.servlet.ServletException;
import javax.servlet.annotation.WebServlet;
import javax.servlet.http.HttpServlet;
import javax.servlet.http.HttpServletRequest;
import javax.servlet.http.HttpServletResponse;

@WebServlet("/MyServlet")
public class MyServlet extends HttpServlet {

  @EJB
  private IndividuRepository individuRepository;

  @Override
  protected void doGet(HttpServletRequest req, HttpServletResponse resp)
            throws ServletException, IOException {
    // ...
  }

}

EJB et interface métier

Plutôt que de référencer la classe de l’EJB, il est possible de passer par une interface que l’on appelle l’interface métier de l’EJB. On distingue les interfaces locales (local interfaces) et les interfaces distantes (remote interfaces). En effet, un EJB peut être injecté dans un autre composant dans un autre composant Java EE de l’application mais il peut également être accessible à distance (à travers le protocole de communication RMI par exemple). La déclaration d’une interface locale et d’une interface distante est très similaire. Si vous n’avez pas besoin de donner accès à un EJB à une application distante, alors l’utilisation d’une interface locale suffit et elle évite au conteneur d’avoir à gérer le service d’accès à distance.

Pour déclarer une interface locale, il suffit de faire implémenter une interface Java à la classe de l’EJB et d’ajouter l’annotation @Local sur l’interface et sur l’EJB lui-même pour préciser le type de l’interface.

L’interface locale
import javax.ejb.Local;

@Local
public interface IndividuRepository {

        void add(Individu i);

}
L’implémentation de l’EJB
import javax.ejb.Local;
import javax.ejb.Stateless;

@Stateless
@Local(IndividuRepository.class)
public class IndividuRepositoryBean implements IndividuRepository {

        @Override
        public void add(Individu i) {
                // ...
        }

        // ...
}

Plutôt que de référencer l’EJB, il est possible de demander l’injection en déclarant un attribut annoté @EJB du type de l’interface IndividuRepository

@EJB
private IndividuRepository individuRepository;

Pour une interface distante, le mécanisme est identique mais on utilise l’annotation @Remote à la place de @Local :

L’interface distante
import javax.ejb.Remote;

@Remote
public interface IndividuRepository {

        void add(Individu i);

}
L’implémentation de l’EJB
import javax.ejb.Remote;
import javax.ejb.Stateless;

@Stateless
@Remote(IndividuRepository.class)
public class IndividuRepositoryBean implements IndividuRepository {

        @Override
        public void add(Individu i) {
                // ...
        }

        // ...
}

La gestion des transactions

Un service intéressant dans l’utilisation des EJB est la prise en charge du support transactionnel sur chacune de leur méthode. Il est ainsi possible de gérer automatiquement les transactions JTA (Java Transaction API).

JTA (Java Transaction API)

Le recours aux transactions ne se limite pas aux systèmes de base de données. N’importe quel service logiciel peut fournir un support à la transaction. Quand plusieurs systèmes transactionnels sont inclus au sein d’une même transaction, il peut être nécessaire d’avoir recours à une transaction distribuée pour les synchroniser.

Pour ces raisons, Java EE fournit une API dédiée uniquement à la gestion des transactions : JTA. Cette API est indépendante de JDBC et elle est aussi plus complète (et donc plus compliquée). TomEE nous laisse le choix de gérer les transactions avec JTA ou avec JDBC pour les DataSources. Le paramètre JtaManaged disponible dans la balise Resource permet d’indiquer si l’on souhaite ou non qu’une DataSource soit gérable avec JTA. Nous reviendrons sur JTA lorsque nous parlerons de JPA et des EJB.

La démarcation transactionnelle

Le conteneur EJB prend en charge les transactions JTA en utilisant un appel de méthode comme démarcation transactionnelle : lors de l’appel d’une méthode d’un EJB, le conteneur commence une transaction JTA et, au retour de la méthode, le conteneur effectue un commit ou un rollback.

Deux annotations permettent de déclarer le support transactionnel pour les EJB :

@TransactionManagement

Définit si la transaction est gérée par le conteneur (valeur CONTAINER par défaut) ou si la transaction est gérée par le bean lui-même (valeur BEAN). Une transaction gérée par le bean signifie que le développeur souhaite gérer la transaction par programmation.

@TransactionAttribute

Permet de déclarer sous quelle condition une transaction gérée par le conteneur peut être démarrée lors de l’appel à une méthode de l’EJB. Pour plus d’information, on se reportera à la documentation de l’énumération TransactionAttributeType qui est spécifiée dans cette annotation. Si l’annotation est omise, cela signifie que la transaction est de type REQUIRED. REQUIRED signifie que si une transaction existe au moment de l’appel à la méthode, elle est utilisée ou sinon une nouvelle transaction est démarrée.

Transaction gérée par le conteneur
import javax.ejb.*;

@Stateless
// Il s'agit de la valeur par défaut
@TransactionManagement(TransactionManagementType.CONTAINER)
// Il s'agit de la valeur par défaut
@TransactionAttribute(TransactionAttributeType.REQUIRED)
public class IndividuRepository {

  public void add(Individu i) {
    // ...
  }

  // ...
}

Même si vous ne positionnez pas d’annotation pour la gestion de transaction sur un EJB session, ce service est tout de même activé.

Le développeur d’EJB peut décider de gérer la transaction par programmation grâce à l’objet UserTransaction injecté par le conteneur grâce à l’annotation @Resource. Dans ce cas, l’utilisation de l’annotation @TransactionManagement est obligatoire pour indiquer au conteneur que l’EJB gère lui-même les transactions.

Transaction gérée par le bean
import javax.ejb.*;
import javax.annotation.Resource;
import javax.transaction.UserTransaction;

@Stateless
// signale que la transaction est gérée dans le code de l'EJB
@TransactionManagement(TransactionManagementType.BEAN)
public class IndividuRepository {
  @Resource
  private UserTransaction tx;

  public void add(Individu i) {
    // démarrer la transaction
    tx.begin();
    // ...
    // commiter la transaction
    tx.commit();
  }

  // ...
}

Dans le cas d’une gestion des transactions par le conteneur, une transaction sera rollbackée si :

  • la méthode de l’EJB se termine par une exception runtime

  • la méthode de l’EJB se termine par une exception portant l’annotation @ApplicationException avec l’attribut rollback avec la valeur true

Dans tous les autres cas, la transaction est commitée.

L’exception ci-dessous provoque un rollback de la transaction gérée par le conteneur lorsqu’elle est jetée lors de l’exécution d’une méthode d’EJB.

Une exception applicative provoquant un rollback
import javax.ejb.ApplicationException;

@ApplicationException(rollback = true)
public class ArticleNotAvailableException extends Exception {

  // ...

}